Prophétie ou réel déformé, le titre nous raconte et pousse le regard à trouver dans les interstices d’un sol aride les premiers souffles d’un amandier, des refuges mais aussi des systèmes d’alarme. Le barrage hydraulique à sec devient une forme de khora possible à des espèces végétales en résistance.
Il a plu des amandes est une série photographique réalisée en 2019 à partir du barrage del Bayco, située dans la région d’Albacete en Espagne, aux abords du village d’Ontur, liée à l’histoire de l’exil familial de la photographe sous le régime franquiste. Cette histoire a donné lieu à un ensemble d’œuvres notamment Les oiseaux ont cessé de chanter pouvant être décrit comme le portrait animalier de récits croisés entre la migration d’une famille à celui de l’importation des canaris et des différents usages de l’espèce : musicalité dans les maisons d’origine espagnoles à système d’alerte dans les mines.
Au fil des années, certain•es
exilé•es sont revenus vivre au village depuis, découvrant la
construction d’un barrage où il n’y a jamais eu d’eau. D’un
état des lieux à une interrogation à ces infrastructures monumentales qui s’érigent dans le paysage, s’ajoute l’absence
de cette ressource nécessaire dans un contexte européen, où
l’industrie maraîchère contribue à l’assignation de rôle de
bassin nourricier de l’Europe; alors même que la région est
soumis à des conditions environnementales arides, allant de fortes
sécheresses à de violentes inondations.
Ces événements extrêmes en regard de la construction de ces barrages qui sont issues d’une politique de réaménagement et réorganisation du territoire en lien avec l’accès à la ressource en eau participe encore aujourd’hui aux mutations du paysage. Aux paroles collectées des habitant•es du village, les prises de vues ont été influencée jusqu’à la construction de cette série qui se fait échos à une captation presque militaire (motifs répétés, format vertical) de cette zone intermédiaire, où la question de l’obsolescence de ces ouvrages hydrauliques suscitent de nombreux débats. A rebours de toute position pessimiste, la série se construit en regard de formes végétales résistantes, dont le titre se met en échos. En poésie, la figure de l’amandier, arbre qui puise ses ressources dans la profondeur des sols, se place comme l’allégorie de celles et ceux qui résistent en faveur d’un écosystème donc il faut prendre soin. Entre traces visibles et invisibles, ce portrait d’un paysage vise à interroger ces rapports de tensions, de forces qui existent entre ces architectures monumentales et la préservation de ressources nécessaires à l’écosystème.
Ces événements extrêmes en regard de la construction de ces barrages qui sont issues d’une politique de réaménagement et réorganisation du territoire en lien avec l’accès à la ressource en eau participe encore aujourd’hui aux mutations du paysage. Aux paroles collectées des habitant•es du village, les prises de vues ont été influencée jusqu’à la construction de cette série qui se fait échos à une captation presque militaire (motifs répétés, format vertical) de cette zone intermédiaire, où la question de l’obsolescence de ces ouvrages hydrauliques suscitent de nombreux débats. A rebours de toute position pessimiste, la série se construit en regard de formes végétales résistantes, dont le titre se met en échos. En poésie, la figure de l’amandier, arbre qui puise ses ressources dans la profondeur des sols, se place comme l’allégorie de celles et ceux qui résistent en faveur d’un écosystème donc il faut prendre soin. Entre traces visibles et invisibles, ce portrait d’un paysage vise à interroger ces rapports de tensions, de forces qui existent entre ces architectures monumentales et la préservation de ressources nécessaires à l’écosystème.
Extrait de la série photographique
À Ontur, au sud de l'Espagne, il est rare de visiter la maison des villageois sans trouver de canaris en cage qui leur tiennent compagnie. Une vidéo confronte l'histoire d'Anne-Marie et sa famille, leur exil, à celle des canaris et leur origine. Entre découverte de nouveau territoires et êtres en mouvement, des changements en découlent : des rapports de pouvoir, d’origine, de silences. Comment mieux donner à penser la proposition de Jade Maily qu’en examinant le texte de sa vidéo fondatrice de son projet en Espagne, car tout y est.
À travers la vie de l’oiseau se déploient l’exil, le travail en émigration, l’histoire d’un pays de navigateurs, l’histoire d’une famille, celle de Jade Maily, la question des terres et de l’eau, cruciale actuellement dans un pays voué au tourisme mais qui souffre de sécheresse alors que
ses produits de l’industrie maraîchère inondent l’Europe entière. C’est par le paysage que ces questions sont abordées par Jade Maily, paysages du village et ses abords défigurés par la construction inutile d’un barrage qui jamais ne servira. Mais de cette inutilité nait un nouveau
paysage qui interroge : il semble métonymique du devenir d’un village et d’un pays dont les racines, pourtant très présentes, ont disparu dans les sables du barrage : « 10 ans après, retour dans le village de ma grand-mère où j'ai passé la plupart de mes étés d’enfant. Depuis, le paysage a changé, les terres sont devenues serres. Le barrage à eau est toujours là. Construit un an après ma naissance, ma grand-mère n'a jamais vu d'eau à cet endroit. J'ai appris par Joséphine, une amie à elle, que 40% des barrages en Espagne ne sont pas fonctionnels car il n'y a plus d'eau. Ces photographies sont issues de cet endroit, au pied des collines, un paysage désert, mêlé aux infrastructures humaines. Il n'y a personne. Personne ne vient jamais ici. Des arbres et autres espèces végétales semblent résister à ce territoire qui est signalé comme toxique ou dangereux (panneaux d'interdiction, désert, sécheresse). Beaucoup d'amandiers, car ils peuvent pousser sur des sols avec peu d'eau. Il y a des animaux aussi, que l'ont peut apercevoir, mais surtout entendre. Lorsqu'on continue dans les vallées, souvent par les chemins de promenades de ma grand-mère et ses amies, on peut se retrouver face à d’autres réservoirs d'eau. Les photographies se fondent sur un retour d'observation des tensions qui existent et subsistent dans le village, de l'influence de l'Europe, des mutations des territoires... »
À travers la vie de l’oiseau se déploient l’exil, le travail en émigration, l’histoire d’un pays de navigateurs, l’histoire d’une famille, celle de Jade Maily, la question des terres et de l’eau, cruciale actuellement dans un pays voué au tourisme mais qui souffre de sécheresse alors que
ses produits de l’industrie maraîchère inondent l’Europe entière. C’est par le paysage que ces questions sont abordées par Jade Maily, paysages du village et ses abords défigurés par la construction inutile d’un barrage qui jamais ne servira. Mais de cette inutilité nait un nouveau
paysage qui interroge : il semble métonymique du devenir d’un village et d’un pays dont les racines, pourtant très présentes, ont disparu dans les sables du barrage : « 10 ans après, retour dans le village de ma grand-mère où j'ai passé la plupart de mes étés d’enfant. Depuis, le paysage a changé, les terres sont devenues serres. Le barrage à eau est toujours là. Construit un an après ma naissance, ma grand-mère n'a jamais vu d'eau à cet endroit. J'ai appris par Joséphine, une amie à elle, que 40% des barrages en Espagne ne sont pas fonctionnels car il n'y a plus d'eau. Ces photographies sont issues de cet endroit, au pied des collines, un paysage désert, mêlé aux infrastructures humaines. Il n'y a personne. Personne ne vient jamais ici. Des arbres et autres espèces végétales semblent résister à ce territoire qui est signalé comme toxique ou dangereux (panneaux d'interdiction, désert, sécheresse). Beaucoup d'amandiers, car ils peuvent pousser sur des sols avec peu d'eau. Il y a des animaux aussi, que l'ont peut apercevoir, mais surtout entendre. Lorsqu'on continue dans les vallées, souvent par les chemins de promenades de ma grand-mère et ses amies, on peut se retrouver face à d’autres réservoirs d'eau. Les photographies se fondent sur un retour d'observation des tensions qui existent et subsistent dans le village, de l'influence de l'Europe, des mutations des territoires... »
Philippe Bazin
Exposition Les oiseaux ont cessé de chanter
Théâtre Nationale de Fécamp (Normandie) FR
2019
Exposition Les oiseaux ont cessé de chanter
Théâtre Nationale de Fécamp (Normandie) FR
2019